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rue, et la personne qui frappait à la porte de la rue n’était autre que le vieux Lobbs lui-même. Il était revenu inopinément, et il tapait, il tapait, comme un fabricant de cercueils, car il n’avait pas encore soupé. Aussitôt que cette nouvelle alarmante eut été communiquée par l’apprenti, les jeunes filles grimpèrent les escaliers, quatre à quatre pour se réfugier dans la chambre à coucher de Maria Lobbs, et, faute d’une meilleure cachette, le cousin et Nathaniel furent fourrés dans deux cabinets du parloir. Enfin quand la maligne petite cousine et Maria Lobbs les eurent enfermés et eurent remis la chambre en ordre, elles ouvrirent la porte de la rue au vieux Lobbs, qui n’avait pas cessé de frapper un seul instant.

Il arriva malheureusement que le vieux Lobbs avait faim, et qu’il était d’une monstrueuse mauvaise humeur. Nathaniel Pipkin l’entendait grommeler comme un vieux dogue enroué, et chaque fois que le malheureux apprenti aux jambes grêles entrait dans la chambre, le vieux Lobbs se mettait à jurer après lui comme un atroce païen, sans autre but apparent que de soulager sa poitrine par la décharge de quelques jurons surabondants. À la fin, le souper qu’on avait fait chauffer fut placé sur la table ; le vieux Lobbs tomba dessus comme la misère sur le pauvre monde, et ayant fait les plats nets en un rien de temps, il baisa sa fille et demanda sa pipe.

La nature avait placé les genoux de Nathaniel Pipkin fort près l’un de l’autre, mais ils s’entre-choquèrent à se briser lorsqu’il entendit le vieux Lobbs demander sa pipe. En effet, depuis cinq ans au moins, Nathaniel avait vu le vieux sellier fumer régulièrement, tous les soirs, dans la même pipe à fourneau d’argent, et cette pipe était suspendue précisément dans le cabinet où l’infortuné maître d’école était renfermé. Les deux jeunes filles descendirent pour chercher la pipe, montèrent pour chercher la pipe, et en un mot cherchèrent la pipe partout, excepté où elles savaient fort bien qu’elle se trouvait. Pendant ce temps, le vieux Lobbs tempêtait de la manière la plus épouvantable. Tout d’un coup il pensa au cabinet et se leva pour y regarder. Il était complétement inutile qu’un petit homme, comme Nathaniel Pipkin, cherchât à retenir la porte en dedans, quand un grand et vigoureux gaillard, comme le sellier, la tirait en dehors. Elle s’ouvrit donc et découvrit Nathaniel Pipkin debout dans le cabinet et tremblant comme un voleur. Dieu nous bénisse ! quel effroyable regard le vieux Lobbs lui jeta, en le saisissant par le collet,