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« Comment fous tire, madame Châsse-long ? demanda le comte en souriant gracieusement à la dame enchantée. Monsieur Pigwig, hé ? ou Bigwig… un… avocat, n’est-ce pas ? Je vois, c’est ça, j’inscris monsieur Bigwig[1]. »

Le comte allait enregistrer M. Pickwick sur ses tablettes comme un gentleman qui se chargeait de faire les affaires des autres, et dont le nom était dérivé de sa profession, lorsque Mme Chasselion l’arrêta en disant :

« Non, non ! comte. Pick-wick.

— Ha ! ha ! je vois. Pique, nom de baptême ; Figue, nom de famille. Très-fort bien, très-fort bien. Comment portez-fous, Figue ?

— Très-bien, je vous remercie, répondit M. Pickwick, avec son affabilité accoutumée. Y a-t-il longtemps que vous êtes en Angleterre ?

— Long, très-fort longtemps. Quinzaine… plus…

— Resterez-vous encore longtemps ?

— Ein semaine.

— Vous avez beaucoup à faire, poursuivit M. Pickwick en souriant, pour rassembler en aussi peu de temps tous les matériaux dont vous avez besoin.

— Eh ! elles sont rassembler, dit le comte.

— En vérité ! s’écria M. Pickwick.

— Elles sont là, ajouta le comte en se frappant le front d’un air significatif. Dans mon patrie… fort livre… comblé de notes… mousique, science, poésie, politique, tout….

— Le mot politique, monsieur, comprend en soi-même une étude difficile et d’une immense étendue.

— Ah ! s’écria le comte en tirant ses tablettes ; très-fort bon ! Beaux paroles pour commencer une capitle. Capitle sept et quarante : Le mot politique surprend en soi-même… » Et la remarque de M. Pickwick fut notée dans les tablettes du comte Smorltork, avec les additions et variantes occasionnées par son imagination ardente et sa connaissance imparfaite de la langue.

« Comte ! dit Mme Chasselion.

— Madame Châsse ? répondit le comte.

— Voici M. Snodgrass, un ami de M. Pickwick, et un poëte.

— Attendez ! s’écria le comte en tirant ses tablettes sur

  1. Big-wig, grosse perruque, sobriquet par lequel on désigne les avocats.