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LE CRICRI DU FOYER.

tout-à-fait touchant de le voir oisif sur son tabouret de travail, regardant Berthe avec anxiété et se répétant à lui-même : Ne l’ai-je trompée depuis le berceau que pour lui briser le cœur !

La nuit vint, le thé était pris ; Dot avait fini de laver les tasses et les soucoupes ; ce fut alors… car il faut bien en arriver là, et à quoi servirait de ne pas le dire encore ?… Ce fut alors que, voyant approcher l’heure où un bruit lointain de roues allait bientôt lui annoncer le retour de son mari, Dot changea encore de manière d’être, rougit et pâlit alternativement ; bref, parut très-agitée… non comme le sont les bonnes et honnêtes femmes qui attendent leurs maris ; non, non, non ; c’était une autre agitation.

Mais voici le bruit des roues, le bruit des pas d’un cheval, les aboiements d’un chien, et enfin tous les bruits bien connus de l’oreille de Dot. On gratte à la porte : c’est Boxer.

« Quel est ce pas ? s’écria Berthe en tressaillant.

— Le pas de qui, si ce n’est le mien ? répondit le voiturier apparaissant sur le seuil, avec sa bonne figure rougie par le froid piquant de la nuit.

— L’autre pas, répéta Berthe, celui de l’homme qui vous suit ?

— Il n’y a pas moyen de la tromper, remarqua le voiturier en riant. Entrez, monsieur ; vous serez le bienvenu ; n’ayez pas peur. »