Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
LE CRICRI DU FOYER.

d’amer, car il pensait n’intervenir que pour défendre le vieux Tackleton… Cette douce réprimande suffit et Dot se tut ; mais il y eut une émotion extraordinaire même dans son silence, et elle fut remarquée par l’astucieux Tackleton, qui avait fixé sur elle son œil à demi-fermé. Il s’en souvint aussi dans l’occasion, comme vous le verrez.

May ne prononça pas une parole, ni en bien ni en mal, mais elle restait immobile, baissant les yeux, comme si elle n’éprouvait aucun intérêt à ce qui s’était passé. La bonne dame, sa mère, intervint aussi à son tour, faisant observer d’abord que les jeunes filles étaient des jeunes filles, et que le temps passé était le temps passé : « Tant que la jeunesse est jeune et étourdie, dit-elle, elle se conduit avec l’étourderie de la jeunesse. » Après avoir avancé deux ou trois autres propositions tout aussi incontestables, elle ajouta, avec une pensée dévote, qu’elle remerciait le ciel d’avoir toujours eu dans sa fille May une fille sage et soumise. Elle ne s’en attribuait aucunement le mérite, quoiqu’elle eût mille raisons de penser que cela lui était dû exclusivement. Relativement à M. Tackleton, au point de vue de la morale, c’était un homme sur lequel on ne tarissait pas d’éloges, et, au point de vue du mariage, il faudrait être fou pour refuser un pareil gendre. Cette dernière phrase fut débitée avec emphase. Relativement à la famille dans laquelle il allait entrer, après avoir sollicité la