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LE CRICRI DU FOYER.

jestueuse personne s’était parée d’un bonnet monté, qui, dans ses calculs, devait inspirer aux plus étourdis des sentiments de vénération. Elle portait aussi des gants. Il faut être à la mode ou mourir. Caleb s’assit à côté de sa fille, Dot et son ancienne amie d’enfance s’assirent à côté l’une de l’autre ; le bon voiturier s’empara du bout de la table.

Miss Slowboy avait été isolée de tout autre meuble que la chaise où elle était assise, afin de ne rien avoir à sa portée pour heurter la tête du poupon. Elle regardait les poupées et les bonshommes, qui la regardaient elle aussi, ainsi que la compagnie. Les vieux bonshommes occupés à faire leur culbute (tous en activité) prenaient surtout un véritable intérêt au pique-nique, s’arrêtant parfois avant de sauter, comme s’ils écoutaient la conversation, et puis, faisant leur extravagant plongeon plusieurs fois de suite, sans se donner le temps de respirer — comme exaltés par une folle joie.

Certainement, si ces vieux bonshommes avaient eu la moindre envie de goûter une joie maligne en contemplant la déconvenue de Tackleton, ils pouvaient largement se satisfaire. Tackleton ne pouvait parvenir à se mettre en belle humeur ; plus sa future devenait gaie dans la société de Dot, moins il était content, quoiqu’il les eût réunies dans un but d’amusement. C’était un vrai chien dans la mangeoire que Tackleton : lorsqu’on