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LES APPARITIONS DE NOËL.

— Je ne sais, mais d’ici là nous aurons la somme, et quand même, ce serait trop jouer de malheur que de tomber sur un créancier aussi impitoyable que l’autre. Nous pouvons dormir cette nuit sans inquiétude, Caroline. »

Oui ; ils avaient beau se le reprocher, ils sentaient un poids de moins sur le cœur. Une gaîté plus franche anima les visage des enfants, qui étaient venus écouter ce qu’ils ne comprenaient guère. Cette famille devait un peu de bonheur à la mort de cet homme : la seule émotion vraie causée par l’événement, la seule que l’Esprit pût montrer à Scrooge était une émotion de plaisir.

« Esprit, dit Scrooge, si vous ne voulez que la chambre mortuaire où nous étions tout-à-l’heure soit toujours présente à ma pensée, effacez-en l’impression, en me montrant quelque scène de tendresse provoquée par une mort. »

L’Esprit le conduisit par plusieurs rues qui lui étaient familières, et, tout en allant, Scrooge regardait çà et là, espérant de se rencontrer et ne s’apercevant nulle part. Ils entrèrent dans la maison du pauvre Bob Cratchit, que Scrooge avait visitée déjà. La mère et les enfants, assis autour du feu, attendaient tranquillement… bien tranquillement. Les bruyants petits Cratchit étaient comme des statues dans un coin, les yeux fixés sur leur frère Pierre, qui tenait un livre ouvert devant lui. La