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LES APPARITIONS DE NOËL.

couchant éclairait d’un dernier et sombre regard la nuit, devenue de plus en plus épaisse.

« Où sommes-nous ? demanda Scrooge.

— Dans un lieu où vivent les mineurs, ceux qui travaillent dans les entrailles de la terre, répondit l’Esprit ; — mais ils me connaissent ; regardez. »

Une lumière brilla à la croisée d’une hutte et ils hâtèrent le pas de ce côté. Entrant à travers un mur de boue, ils trouvèrent une joyeuse compagnie autour d’un superbe feu : un vieillard et sa vieille compagne, avec leurs enfants et leurs petits enfants tous endimanchés. Le vieillard, avec une voix qui, par moment, s’élevait au-dessus du bruit du vent sur la lande déserte, leur chantait un noël, chanson déjà bien vieille lorsqu’il était en nourrice, et ses enfants faisaient chorus ; chaque fois qu’ils répétaient le refrain, le vieillard sentait redoubler sa vigueur et chantait plus fort qu’eux.

L’Esprit ne s’arrêta pas là, et disant à Scrooge de s’attacher à sa robe, il le transporta… jugez de la terreur de Scrooge, il le transporta en pleine mer. En tournant la tête, Scrooge aperçut les derniers rochers du rivage, et ses oreilles furent assourdies du mugissement des flots qui tourbillonnaient dans une suite de cavernes creusées sous ses pas. Au milieu de la mer même, sur un récif assiégé par une éternelle tempête, s’élevait un phare solitaire. Eh bien ! là encore, les deux gardiens de la lumière amie des matelots, avaient allumé un feu