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LES APPARITIONS DE NOËL.

Mais les épiciers… oh ! les épiciers ! quelles tentations éprouvait celui qui se hasardait à jeter un coup-d’œil entre les interstices de leurs contrevents ! quel parfum s’exhalait de leur thé et de leur café, de leurs raisins secs, de leurs blanches amandes, de leurs clous de girofle, de leurs dragées et de leurs fruits confits saupoudrés de sucre, de leurs figues, de leurs pruneaux et de leurs bonbons si curieusement décorés pour la Noël !

Les cloches font entendre leurs voix de bronze, appelant les chrétiens à l’église et à la chapelle : la foule remplit les rues, chacun vêtu de son plus bel habit et l’air heureux. En même temps de toutes les rues, de tous les passages, de toutes les cours sortent des gens qui portent au four du boulanger le plat dont ils espèrent se régaler. L’Esprit paraissait vivement s’intéresser à eux, car il se posta, avec Scrooge à son côté, sur le seuil d’une boulangerie, et il les arrosait d’encens avec sa torche… Singulière torche que la sienne ! car, une fois, deux porteurs de dîner, s’étant pris de querelle après s’être rudement coudoyés, l’Esprit secoua sur eux quelques gouttes d’eau en place de flamme et la paix fut faite, les querelleurs s’écriant que c’était une honte de se disputer le jour de Noël… Oh ! qu’ils avaient bien raison !

Les cloches se turent, les portes des boulangers se fermèrent, et cependant on croyait voir encore comme