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LES APPARITIONS DE NOËL.

non, non, pour tous les trésors du monde, je n’aurais pas mêlé ces cheveux si bien bouclés ; au prix de ma vie, je n’aurais jamais dérobé le soulier de ce joli pied ; quant à mesurer sa taille, comme le firent ces audacieux, je n’aurais pas osé le faire non plus, de peur que mon bras ne fût châtié de ce sacrilège par quelque génie jaloux qui l’eût frappé de paralysie… Que n’aurais-je pas donné cependant pour toucher ses lèvres ! Quelle question n’aurais-je pas faite pour obtenir qu’elle les ouvrît en me répondant ! Oh ! que j’aurais aimé à pouvoir regarder ses yeux baissés sans exciter sa rougeur, et à dénouer sa chevelure dont une seule boucle m’eût semblé le plus précieux des gages d’amitié !… En un mot j’aurais voulu, je le confesse, avoir auprès d’elle le privilège d’un enfant et être cependant assez homme pour comprendre mon bonheur.

Mais qui frappe à la porte ? comme ce groupe bruyant y court et entraîne la jeune fille avec lui !… Elle rit de paraître ainsi chiffonnée devant celui qui entre : c’est le père de ces turbulents marmots qui ont reconnu sa voix, et il vient accompagné d’un homme tout chargé de joujoux de Noël. Oh ! le commissionnaire, porteur de tous ces présents, qui le défendra ? Quel assaut contre sa personne ! l’un l’escalade à l’aide d’une chaise, l’autre fouille dans ses poches ; c’est à qui pillera ses paquets : heureusement chacun a bientôt le sien et le commissionnaire peut s’esquiver. Nouvelle scène, nouveau tumulte