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LES APPARITIONS DE NOËL.

souvint de l’Esprit ; il s’aperçut que celui-ci avait les yeux fixés sur lui et que la lumière de sa tête brillait de plus en plus.

« Il faut peu de choses, dit l’Esprit, pour inspirer à ces folles gens tant de reconnaissance.

— Peu de chose ! » répéta Scrooge.

L’esprit lui fit signe d’écouter les deux apprentis qui se répandaient en éloges de Fezziwig, et ensuite il poursuivit son idée :

« Quoi donc ? qu’a-t-il dépensé ? quelques livres sterling de votre argent terrestre, trois ou quatre livres peut-être : cela vaut-il tant de louanges ?

— Ce n’est pas cela, répliqua Scrooge, excité par cette remarque, et parlant involontairement comme son autre lui-même, ce n’est pas cela, Esprit : Fezziwig a le don de nous rendre à son gré heureux ou malheureux, de nous faire paraître notre tâche lourde ou légère, agréable ou pénible. Si vous me dites que ce don consiste en paroles et en regards, en choses si insignifiantes qu’il est impossible de les additionner et de les compter : Eh bien ! qu’importe ? le bonheur qu’on lui doit est aussi grand que s’il coûtait un million. »

Scrooge sentit l’influence du regard de l’Esprit et s’arrêta.

« Qu’y a-t-il ? demanda l’Esprit.

— Rien de particulier, dit Scrooge.