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LES APPARITIONS DE NOËL.

deurs dont chacune était associée à un millier de pensées, d’espérances, de joies et de sentiments oubliés depuis longtemps, bien longtemps !

« Vous tremblez, dit l’Esprit.

— Conduisez-moi où vous voudrez, répondit Scrooge.

— Vous rappelez-vous le chemin ? demanda l’Esprit.

— Si je me le rappelle ? s’écria Scrooge avec sentiment… j’irais les yeux fermés…

— N’est-ce pas étrange que vous l’ayez oublié pendant tant d’années !… Marchons, dit l’Esprit. »

Ils marchèrent ; Scrooge reconnaissant toutes les portes, toutes les bornes, tous les arbres, jusqu’à ce qu’une petite ville leur apparût à distance avec son pont, son église et sa rivière au cours serpentant. Ils aperçurent quelques bidets aux longs crins trottant vers eux avec des enfants sur leur dos, qui appelaient d’autres enfants dans des carrières champêtres, conduites par des fermiers. Tous ces enfants étaient de joyeuse humeur, échangeant entre eux des acclamations et remplissant l’air de la musique bruyante de leur voix.

« Ce ne sont là que les ombres de ce qui a existé, dit l’Esprit ; elles ne nous voient ni ne nous sentent. »

Les gais voyageurs s’approchaient, et Scrooge les reconnut tous en les nommant par leurs noms. Pourquoi leur vue lui causait-elle tant de joie ? pourquoi son œil étincelait-il ? pourquoi son cœur bondissait-il à leur aspect ? pourquoi fut-il si heureux quand il les entendit