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LES APPARITIONS DE NOËL.

La voix était douce et si basse qu’on aurait cru ne l’entendre que de loin.

« Qui êtes-vous et qu’êtes-vous ? demanda encore Scrooge.

— Je suis l’Esprit de Noël passé.

— Passé depuis longtemps ? demanda Scrooge en remarquant sa stature de nain.

— Non… votre Noël de l’année dernière. »

Peut-être Scrooge n’aurait pas su expliquer pourquoi si on le lui eût demandé… mais il éprouvait un vif désir de voir l’Esprit coiffé de son chapeau, et il le pria de se couvrir.

« Quoi ! s’écria l’Esprit, voudriez-vous déjà éteindre par des mains mondaines la lumière que je donne ? N’est-ce pas assez que vous soyez un de ceux dont les passions ont fait ce chapeau, sans vouloir me forcer à le porter sur mon front pendant des siècles ? »

Scrooge, avec un ton révérencieux, nia toute intention d’offenser son interlocuteur et déclara ignorer qu’il eût jamais coiffé l’Esprit à aucune époque de sa vie. Puis il recueillit son courage pour lui demander ce qui l’amenait.

« Votre bien, répondit l’Esprit.

— Très-obligé, » dit Scrooge, qui ne put s’empêcher de penser qu’il eût préféré une nuit de repos sans interruption ! L’Esprit l’avait sans doute entendu penser ; car il ajouta immédiatement : « C’est votre conversion