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LES APPARITIONS DE NOËL.

cercle le plus étendu ; si l’âme ne le fait pas dans la vie, elle est condamnée à le faire après la mort. Il faut qu’elle erre sur la terre, — hélas ! hélas ! et qu’elle y voie trop tard tout ce dont elle aurait pu profiter pour son bonheur. »

Ici le spectre poussa encore un cri, secoua sa chaîne et tordit ses mains de spectre.

« Vous êtes enchaîné, dit Scrooge tout tremblant, apprenez-moi pourquoi.

— Je porte la chaîne que je me suis forgée dans la vie, répondit le spectre ; je me la suis forgée anneau par anneau et toise par toise ; je m’en suis entouré la ceinture de ma propre volonté, et je l’ai portée de mon plein gré. Est-ce que le modèle vous en paraît étrange ? »

Scrooge tremblait de plus en plus.

« Ou serait-ce, poursuivit le spectre, que vous voudriez savoir le poids et la longueur de celle que vous portez vous-même ? elle était aussi lourde et aussi longue que celle-ci, il y a sept Noëls aujourd’hui ; vous y avez travaillé depuis : c’est une fameuse chaîne ! »

Scrooge regarda autour de lui sur le plancher, s’attendant à se voir entouré de cinquante ou soixante toises au moins de câble de fer : il ne vit rien.

« Jacob, dit-il d’un ton suppliant, mon vieux Jacob Marley, parlez-moi, parlez-moi pour me consoler, Jacob !

— Je n’ai pas de consolation à vous donner, répliqua