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LES APPARITIONS DE NOËL.

si quelqu’un traînait une chaîne sur les barriques de la cave du marchand de vin. Scrooge se souvint alors qu’il avait ouï dire que les revenants traînaient toujours des chaînes.

La porte de la cave s’ouvrit avec un retentissement éclatant, et Scrooge entendit le bruit sinistre de plus en plus fort ; puis il reconnut que ce bruit montait et se dirigeait sur sa porte.

« Bêtise encore ! dit Scrooge ; je ne veux pas y croire. »

Il pâlit cependant, lorsque tout-à-coup la cause de tout ce bruit passa à travers la porte et se présenta à ses yeux. A cet aspect la flamme mourante jeta une bouffée hors de la cheminée et retomba, comme si le feu aussi reconnaissait le spectre de Marley.

Car c’était lui ; c’était Marley lui-même, avec sa queue, son gilet habituel, ses pantalons collants, ses bottes à glands de soie, qui se hérissaient comme l’extrémité de sa queue, et comme les cheveux sur ses oreilles. La chaîne qu’il traînait lui entourait la ceinture ; elle était longue et traçait des ondulations inégales comme les replis d’un serpent. Scrooge, en l’observant avec attention, vit que ses anneaux se composaient de petits coffres-forts, de clés, de cadenas, de registres et de bourses ; le tout en fer. Le corps de Marley était transparent, si bien que Scrooge put apercevoir à travers son gilet les deux boutons de la taille de son habit.