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LES APPARITIONS DE NOËL.

— Je veux qu’on me laisse tranquille, dit Scrooge ; puisque vous me demandez ce que je veux, messieurs, telle est ma réponse. Je ne me réjouis pas à Noël et je ne puis fournir aux autres les moyens de se réjouir ; je contribue à l’entretien des établissements que j’ai mentionnés : ils coûtent assez cher, et ceux qui ne se trouvent pas bien n’y étant pas, n’ont qu’à y aller.

— Plusieurs ne le peuvent et plusieurs aimeraient mieux mourir.

— S’ils aiment mieux mourir, ils feraient bien de prendre ce parti et de diminuer le superflu de la population. D’ailleurs… excusez-moi… j’ignore cela.

— Vous pourriez le savoir.

— Ce ne sont pas mes affaires, répliqua Scrooge ; c’est assez pour un homme de connaître les siennes sans se mêler de celles des autres : les miennes m’occupent constamment. Bonsoir, messieurs. »

Voyant clairement qu’ils perdaient leurs paroles, ces messieurs s’éloignèrent. Scrooge reprit son travail, très-content de lui-même et se sentant même disposé à la facétie.

Cependant le brouillard et les ténèbres s’épaississaient tellement que des hommes parcouraient les rues avec des torches, offrant leurs services aux cochers pour précéder les chevaux et les guider jusque chez eux. L’antique tour d’une église gothique, que Scrooge apercevait par une ouverture de son comptoir, devint invisible, et