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LES CARILLONS.

Trotty entendit ces paroles articulées par les cloches, et levant les yeux, il vit leurs figures fantastiques planer dans les airs en lui indiquant du doigt la route que prenait Meg à travers les ténèbres de la rue.

« Elle l’aime ! s’écria-t-il dans son angoisse suppliante. Cloches ! elle l’aime toujours… »

« Suis-la ! » et à ces mots les ombres se précipitèrent sur les pas de Meg, comme les nuages qu’emporte l’ouragan.

Trotty suivit de près sa pauvre fille, cherchant à lire dans son visage ; il y vit la même expression, farouche et terrible, se mêler à celle de son amour et enflammer ses yeux. Il l’entendit qui disait : « Comme Lilian, pour changer comme Lilian… » et en parlant ainsi elle redoublait de vitesse.

Oh ! si quelque chose pouvait la réveiller ! quelque objet, quelque son, quelque douce image du passé, quelque parfum qui rappellerait un tendre souvenir dans ce cerveau en feu !

« J’étais son père ! j’étais son père ! s’écriait le vieillard en tendant les mains aux ombres qui volaient sur sa tête ; ayez pitié d’elle et pitié de moi. Où va-t-elle ? ramenez-la… j’étais son père ! »

Mais les sombres figures la montraient du doigt en suivant sa marche rapide, et répondaient : « Au désespoir… reçois cette leçon de celle qui te fut si chère ! »

Cent voix répétèrent cette phrase comme un écho.