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LES CARILLONS.

pelai à mon secours toute ma force d’âme, et je n’ouvris pas. »

Trotty entendit encore ici les voix répéter : « Suis-la. » — Il se tourna vers son guide, vit qu’il s’éloignait de lui et s’évanouissait dans les airs après lui avoir crié aussi : « Suis-la. »

Il s’attacha à la personne de sa fille ; il alla et vint autour d’elle, il s’assit à ses pieds, il chercha à découvrir dans son visage quelques-uns de ses traits d’un autre temps, dans sa voix quelques-uns de ces accents autrefois si doux. Il alla et vint aussi autour de l’enfant. — Cet enfant si malingre, si prématurément vieilli, si grave, si triste, si plaintif, et dont les petits cris étaient si déchirants à cause de leur faiblesse même ; Trotty éprouvait presque pour cet enfant une véritable adoration ; il voyait en lui l’unique sauvegarde de la mère, le dernier lien qui la retenait à la vie. Toute la confiance de cet infortuné père s’appuyait sur cette frêle créature. Il épiait tous les regards de Meg pendant qu’elle le tenait dans ses bras. Et mille fois il répéta : « Elle l’aime ! Dieu soit loué ! elle l’aime. »

Il vit Mrs. Tugby avoir soin de Meg pendant la nuit, la quitter un moment, mais pour revenir la trouver quand son mari grondeur fut endormi et que tout fut rentré dans le silence ; il la vit pleurer avec elle, l’encourager, lui servir des aliments. Trotty vit le jour renaître, puis la nuit encore… le cadavre emporté de la maison mor-