Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
LE CRICRI DU FOYER.

bientôt évanouir ma tristesse comme un rêve ; que de fois encore, lorsque j’avais peur (j’ai eu peur de cela, John, j’en conviens, j’étais si jeune !), lorsque j’avais peur que notre mariage ne devînt un mariage mal assorti, moi, n’étant qu’une enfant, et vous, plus semblable à mon tuteur qu’à mon mari ; que de fois alors ce chant du foyer m’a rassurée, m’a remplie d’espoir et m’a donné la confiance que vous parviendriez à m’aimer, à m’aimer autant que vous l’espériez vous-même dans vos prières. Je pensais à tout cela ce soir, mon cher ami, en vous attendant, assise auprès du feu, et voilà pourquoi j’aime le Cricri.

— Et moi aussi, répéta John. Mais, Dot, que parlez-vous de l’espoir que j’avais de vous aimer ? que voulez-vous dire ?… Je n’avais ni à espérer ni à apprendre cela ! je vous aimais longtemps avant de vous amener ici pour être la petite maîtresse de ce foyer et du Cricri, entendez-vous, Dot ? »

Un moment elle posa la main sur son bras et le regarda d’un air ému, comme si elle eût voulu lui dire quelque chose. Le moment d’après elle était agenouillée devant le panier, babillant avec sa petite voix et triant les paquets d’un air affairé.

« Il n’y en a pas beaucoup ce soir, John ; heureusement j’ai vu derrière la voiture quelque chose qui donne plus de mal peut-être, mais rapporte autant. Nous n’aurons