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LES CARILLONS.

les tasses et toutes les soucoupes sont propres et rangées à leur place, sur les rayons du buffet ; la fourchette aux rôties pend à son coin ordinaire, ouvrant ses quatre doigts oisifs comme une main tendue au gantier qui lui prend mesure. — Il ne restait plus d’autres indices visibles du petit régal qui venait d’avoir lieu que sur les moustaches du chat, qui imitait avec sa voix le bruit d’un rouet en se léchant encore, et dans le teint animé de son maître et de sa maîtresse, ce couple plus gras peut être que gracieux.

Ce bienheureux couple (mari et femme évidemment) avait fait un partage égal du feu et regardait les étincelles et les molécules ardentes qui tombaient dans la grille du foyer, tantôt s’oubliant dans un léger somme, tantôt se réveillant, lorsque quelque charbon plus gros se détachait de la masse et semblait menacer de la chute des autres.

Le feu n’était nullement en danger d’une extinction soudaine, car non-seulement il rayonnait dans la petite chambre, sur les panneaux de la porte vitrée et sur le rideau à demi tiré sur les carreaux, mais encore jusque dans la boutique au-delà, petite boutique tout-à-fait engorgée par l’abondance de ses denrées, vraie boutique vorace qu’on aurait pu comparer à ce gouffre vivant, l’estomac glouton du requin, pour qui tout est poisson. Tout passait par cette boutique : fromage, beurre, bûches, savons, cornichons, allumettes, lard, bière, cham-