Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
LES CARILLONS.

mour-propre vous ont séparé d’elle… mais vous l’aimez, si j’ai bonne mémoire… Et c’est vrai, ajouta Richard, qui reprit après un moment d’interruption : — Eh bien ! Richard, si vous l’avez aimée… si vous avez encore quelques égards pour celle qui fut bonne comme elle, portez-lui ceci une dernière fois. Dites-lui une dernière fois combien je vous ai prié et supplié, dites-lui que j’ai appuyé ma tête sur votre épaule… où aurait pu s’appuyer sa tête à elle ; dites-lui combien je me suis humiliée devant vous, Richard ; dites-lui que vous m’avez regardée, que la beauté qu’elle aimait à vanter a disparu de mon visage… disparu tout-à-fait, et qu’à la place de cette Lilian si jolie, vous n’avez plus vu qu’une pauvre fille dont l’aspect blême la ferait pleurer ; dites-lui tout — reportez-lui cela, et elle ne vous refusera plus — elle n’en aura pas le cœur… »

Ainsi parlait Richard, répétant ces dernières phrases en homme qui parle dans un rêve, jusqu’à ce que, se réveillant encore, il se leva et dit :

« Vous ne voulez pas la prendre, Marguerite ? »

Elle secoua la tête et fit un geste suppliant pour l’engager à partir.

« Bonsoir, Marguerite.

— Bonsoir. »

Richard se retourna pour la regarder ; il fut frappé soudain de l’expression de son chagrin, et peut-être de la pitié pour lui-même qu’indiquait le tremblement de