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LE CRICRI DU FOYER.

Cela vous eût amusé presque autant que John lui-même de voir la petite miss Peerybingle revenir avec son mari, en poussant le panier au linge, et faisant les plus énergiques efforts pour ne rien faire (car c’était lui qui le portait). Cela dut aussi divertir le Cricri, je suppose ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il se mit à gresillonner et avec une sorte de véhémence :

« Eh ! eh ! dit John avec son air lambin, il est plus gai que jamais, ce soir, je crois.

— C’est assurément pour nous porter bonheur, John : il nous a toujours porté bonheur jusqu’ici. Avoir un Cricri dans sa cheminée est la plus heureuse chose du monde. »

John la regarda comme s’il était sur le point de concevoir dans sa tête la pensée qu’elle était son cricri en chef, et comme s’il allait lui dire qu’il était tout-à-fait de son avis ; mais ce fut là une de ces pensées dont l’expression lui échappait en chemin, car il ne dit mot.

« La première fois que j’entendis sa joyeuse chanson, John, continua Mrs  Peerybingle, ce fut le soir où vous me conduisîtes chez vous — ici, à ma nouvelle maison, pour en être la petite maîtresse. Il y a un an de cela. Vous en souvenez-vous, John ? »

Oh ! oui, John s’en souvenait, j’en suis bien sûr !

« Sa chanson, poursuivit-elle, fut pour moi une voix amie ; elle me semblait si pleine de promesses et d’encouragements ; elle semblait me dire que vous seriez si