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LE CRICRI DU FOYER.

avis — (c’eût été aussi le vôtre) elle aurait pu regarder longtemps sans apercevoir rien d’aussi agréable ! Quand elle revint s’asseoir sur sa chaise, le Cricri et la Bouilloire continuaient leur duo, s’évertuant avec toute la fureur de deux artistes rivaux… le côté faible de la Bouilloire était évidemment qu’elle ne savait pas quand elle serait vaincue.

C’était entre eux l’émulation d’une course : — cricri ! cricri ! cricri ! le Cricri était en avant. — Hum ! hum ! hum-m-m ! la Bouilloire ronflait au loin comme une grosse toupie ! — cricri ! cricri ! cricri ! — mais la Bouilloire reprenait encore : hum ! hum ! hum-m-m. Le Cricri ne cédait pas et reprenait à son tour, puis encore la Bouilloire — jusqu’à ce qu’enfin ayant confondu et leur basse et leur fausset dans un même son, il aurait fallu une oreille plus exercée que la mienne pour dire si c’était la Bouilloire qui gresillonnait, ou le Cricri qui ronflait ; mais ce qu’il y a de plus certain, c’est qu’à un moment précis, par l’effet d’une combinaison inexplicable, les deux virtuoses lancèrent au loin jusque sur la route le chant réjouissant de leur concert sur l’aile d’un rayon de lumière qui traversa la vitre, de manière à charmer à la fois les yeux et l’ouïe d’un individu qui approchait dans les ténèbres et qui crut entendre qu’on lui criait : « Sois le bienvenu, mon ami ! Sois le bien arrivé, mon garçon ! »

Ce but atteint, la Bouilloire n’en pouvant plus, versa