Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
LE CRICRI DU FOYER.

son plaisir et son orgueil quand elle embrassa encore Dot.

« Ma chère Berthe, lui dit celle-ci, il peut arriver plus de changement que vous ne pensez ; mais pour le mieux, j’entends ; des changements qui apporteront une grande joie à quelques-uns d’entre nous. S’il en était qui pussent vous affecter, vous ne devriez pas vous laisser aller à une trop vive émotion. N’entends-je pas des roues sur le chemin ? Vous avez l’oreille si fine, Berthe, sont-ce des roues ?

— Oui, et qui viennent vite.

— Je sais, je sais que vous avez l’oreille fine, dit Dot, qui posa une main sur son cœur, et qui évidemment parlait aussi vite qu’elle pouvait pour cacher son émotion ; — je le sais, parce que je l’ai remarqué souvent, et surtout la nuit dernière, où vous avez si vite deviné le pas de l’étranger. Je ne sais vraiement comment vous avez pu y faire plus d’attention qu’à un autre pas, ni pourquoi vous avez demandé, Berthe, quel était ce pas ? Mais, comme je vous le disais tout-à-l’heure, il arrive d’étranges changements en ce monde ; de grands changements, et nous ne pouvons faire mieux que de nous préparer à n’être surpris de rien. »

Caleb ne pouvait s’imaginer ce qu’elle voulait dire, s’apercevant qu’elle s’adressait à lui aussi bien qu’à sa fille. Il la voyait avec étonnement si agitée, si tourmentée, qu’elle avait peine à respirer, et se cramponnait à une chaise pour s’empêcher de tomber ;