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LE CRICRI DU FOYER.

La jeune aveugle se leva très-agitée et entraîna à part la petite femme de John.

« Ces présents dont je prenais tant de soin, demanda-t-elle toute tremblante, ces présents qui répondaient si vite à mon premier désir, ces présents qui étaient si bienvenus, d’où venaient-ils ? est-ce par vous qu’ils m’étaient envoyés ?

— Non.

— Par qui donc ? »

Dot vit qu’elle le savait déjà et garda le silence. La jeune aveugle passa encore les deux mains sur son visage, mais avec une autre expression.

« Chère Marie ! un moment, un seul moment ! Venez par ici ; parlez-moi tout bas. Vous êtes vraie, je le sais ; vous ne voudriez pas me tromper, maintenant, n’est-ce pas ?

— Non, Berthe, oh ! non !

— Non ! j’en étais sûre vous avez trop pitié de moi !… Marie, regardez l’endroit où nous étions tout-à-l’heure, où mon père est resté… mon père, si tendre et si bon pour moi, et dites-moi ce que vous voyez.

— Je vois, dit Dot qui la comprenait bien, un vieillard assis sur une chaise, penché en arrière, avec une main sur son front, comme s’il avait besoin de sa fille pour le consoler, Berthe.

— Oui, oui, elle le consolera ; continuez.

— C’est un vieillard à cheveux blancs, usé par le travail et les peines de la vie ; il est maigre, abattu, sou-