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LE CRICRI DU FOYER.

qui je ne saurais me comparer, qui n’auraient jamais du moins aimé ma petite Dot autant que moi ! »

Il fit une pause et frappa doucement les planches avec son pied avant de reprendre :

« J’avais souvent pensé que si je ne méritais pas une femme comme elle, je serais du moins un bon mari, et peut-être que je connaîtrais sa valeur mieux qu’un autre. Ce fut ainsi que je me justifiai à moi-même, que j’en vins à croire que je pouvais l’épouser, et à la fin nous devînmes mari et femme.

— Ah ! dit Tackleton avec un hochement de tête significatif.

— Je m’étais étudié, j’avais eu l’expérience de moi-même ; je savais comme je l’aimais, et combien je serais heureux ; mais pour son malheur, je n’avais pas, je le sens à présent… assez réfléchi relativement à elle.

— Assurément, dit Tackleton, la légèreté, la frivolité, l’étourderie, le plaisir d’être admirée ; vous n’aviez pas réfléchi… vous aviez perdu de vue ! ah !

— Vous feriez mieux de ne pas m’interrompre, dit John d’un ton sec, jusqu’à ce que vous m’ayez compris. Hier, j’aurais assommé l’homme qui aurait soufflé un mot contre elle ; aujourd’hui, je lui écraserais la face avec le pied à cet homme, fut-il mon frère. »

Le marchand de joujoux le regarda avec surprise, et John continua d’un ton radouci.

« Avais-je réfléchi que je l’enlevais jeune et belle à