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LE CRICRI DU FOYER.

— Allons, Tilly, donnez-moi le marmot. Bonsoir, monsieur Tackleton. Où est John, bonté du ciel ?

— Il veut marcher à la tête du cheval, répondit Tackleton, qui l’aida à prendre sa place.

— Mon cher John, marcher ? la nuit ? »

John, qu’on eût pris pour un mannequin affublé, ne répondit que par un signe de tête affirmatif. Le perfide étranger et la petite bonne étant dans la voiture, le vieux cheval leva le pas. Boxer, Boxer qui ne savait rien, courut en avant ; puis rebroussant chemin, il courut en arrière. Il courut à droite, il courut à gauche, traçant un cercle autour de la voiture, toujours jappant, toujours gai et triomphant.

Lorsque Tackleton fut parti, lui aussi, pour escorter Mrs Fielding et May sa fille jusque chez elles, le pauvre Caleb s’assit près du feu à côté de Berthe, déchiré d’inquiétudes et de remords, ne cessant de répéter en la regardant tristement : « Ne l’ai-je trompée depuis le berceau que pour lui briser enfin le cœur ! »

Les bonshommes qui avaient été mis en mouvement pour amuser le poupon étaient tous depuis longtemps rentrés dans leur repos. Au milieu de la faible lumière qui les éclairait, au milieu de ce sombre silence, on aurait bien pu croire que c’était une stupeur fantastique qui avait tout-à-coup rendu immobiles ces imperturbables poupées, si agiles naguère ; ces chevaux de bois aux yeux fixes, aux naseaux ouverts ; ces vieux barbons