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ment satisfait ; maintenant, poursuit-il, je… où donc en étais-je ? Qu’est-ce que j’ai donc voulu mettre là ?… C’est que, voyez-vous, j’ai couché sur ce papier un ou deux chefs des points que je voulais aborder ; je les ai écrits par abréviations…, et je ne sais plus ce que ça veut dire. Si Votre Seigneurie veut bien m’excuser et me permettre de m’approcher de la fenêtre un instant… je… »

M. Guppy se dirige vers la croisée, tombe au milieu de bengalis auxquels, dans son trouble, il demande mille pardons, ce qui ne contribue pas à rendre ses notes plus lisibles ; il s’échauffe, devient rouge, approche le papier de ses yeux, l’en éloigne et balbutie à demi-voix :

«  C. S. ! Qu’est-ce que ces lettres veulent dire ?… Ah ! j’y suis, m’y voilà ; certainement ! » et il revient à sa place n’ayant plus aucun doute.

«  Je ne sais pas, dit-il en s’arrêtant à moitié chemin devant milady, si Votre Seigneurie a jamais entendu parler d’une jeune demoiselle appelée miss Summerson. »

Milady le regarde en face.

«  J’ai vu l’automne dernier, répond-elle, une jeune fille que l’on nommait ainsi.

— Votre Seigneurie n’a-t-elle pas été frappée de la ressemblance de cette demoiselle avec quelqu’un ? » demande M. Guppy en inclinant la tête et en se grattant le coin de la bouche avec son memorandum.

«  Non, répond milady qui le regarde toujours.

— Quelqu’un de la famille de Votre Seigneurie ?

— Non.

— Sans doute que Votre Seigneurie ne se rappelle pas exactement les traits et l’ensemble de miss Summerson.

— Je me les rappelle fort bien. Qu’est-ce que cela peut avoir de commun avec moi ?

— J’affirme à Votre Seigneurie, qu’ayant l’image de miss Summerson profondément gravée dans mon cœur, ce qui est une confidence, j’ai trouvé, lorsque j’ai eu l’honneur de visiter le château de Chesney-Wold, pendant une courte excursion que je fis avec un ami dans le comté de Lincoln, j’ai trouvé, dis-je, une telle ressemblance entre miss Summerson et le portrait de Votre Seigneurie, que j’en suis resté foudroyé ; au point que je ne me suis pas rendu compte, jusqu’à présent, de ce qui avait pu produire sur moi un pareil saisissement ; et maintenant que j’ai l’honneur de contempler Votre Seigneurie de plus près (j’ai pris souvent la liberté, depuis lors, de regarder Votre Sei-