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tera deux ans, dans celle par exemple où l’on élève tes sœurs ; et, lorsque l’éducation l’aura faite ton égale, si vous êtes encore dans les mêmes sentiments, loin de m’opposer à vos désirs, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour assurer votre bonheur ; je connais divers exemples, du fait que j’énonce, et je crois, milady, qu’ils m’indiquent précisément la conduite que j’ai à suivre. »

L’indignation de sir Leicester éclate enfin, terrible dans sa majesté.

« M. Rouncewell, dit le baronnet la main droite passée dans l’habit bleu, attitude de cérémonie dans laquelle le représente son portrait de la galerie des ancêtres, mettez-vous sur la même ligne Chesney-Wold et une… — Il fait un effort pour surmonter quelque chose qui l’étrangle, — et une manu-fac-ture ?

— Je n’ai pas besoin de répondre que ce sont deux situations bien différentes ; toutefois, si l’on envisage le but qu’il s’agirait d’atteindre, je pense qu’on peut établir entre eux un certain parallèle. »

Sir Leicester jette un regard majestueux d’un bout à l’autre du grand salon pour s’assurer que tout ce qu’il entend n’est pas un rêve, et reprenant la parole :

« Savez-vous, dit-il, que cette jeune personne qui a l’honneur d’être placée auprès de milady, a été élevée à l’école du village ?

— Je le sais parfaitement, sir Leicester ; une excellente école soutenue généreusement par la famille.

— Alors, M. Rouncewell, l’application de vos remarques au fait dont il s’agit est incompréhensible pour moi.

— Vous le comprendrez mieux, sir Leicester, répond le maître de forges, en rougissant légèrement, quand je vous aurai dit que je ne considère pas l’école du village comme pouvant donner l’instruction qu’on doit trouver chez la femme de mon fils. »

De cette attaque à l’école du village, respectée jusqu’à ce jour, aux secousses effrayantes que reçoit la société par le fait de ces gens sans principes (maîtres de forges et autres) qui oubliant leur catéchisme, et sortant de la position dans laquelle ils sont nés, donnent à leurs enfants une éducation qui bouleverse les classes et conduit le peuple au mépris des lois, au renversement des barrières, à la destruction de toutes les digues, etc, etc, sir Dedlock ne voit qu’un pas ; et sa logique héréditaire parcourt le cercle effroyable de tous les maux qui peuvent résulter de la confusion des rangs et de l’ébranlement de cette hiérarchie sur laquelle est fondé l’ordre social.

« Veuillez m’accorder une minute, dit-il à milady, qui an-