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— Alors c’est votre jeune homme qui sera venu me demander. Je suis médecin ; et l’on est arrivé chez moi il n’y a pas cinq minutes pour me prier de venir voir un malade à la galerie de M. Georges.

— Les tambours drapés de noir ! dit l’ancien militaire en se tournant vers nous et en hochant la tête ; c’est juste, reprit-il, donnez-vous la peine d’entrer. »

Un petit homme d’un aspect bizarre, ayant un tablier de serge verte et un bonnet pareil, les mains, la figure et les vêtements noircis, venait d’ouvrir la porte, et nous nous trouvâmes dans un passage qui nous conduisit à un grand édifice en briques dont l’intérieur était garni de pistolets, de carabines, de cibles, d’épées et d’autres objets du même genre. Quand nous fûmes tous dans la salle, le médecin ôta son chapeau et à la place du médecin qui avait disparu comme par enchantement, fit paraître à nos yeux un personnage d’une espèce toute différente.

«  À présent, Georges, regardez-moi, dit-il en se retournant vivement et en frappant de l’index la poitrine du militaire. Vous me connaissez et je vous connais ; je m’appelle Bucket, vous le savez bien ; j’ai un mandat contre Gridley ; vous l’avez caché longtemps, vous y avez mis une adresse qui vous fait honneur. »

M. Georges se mordit les lèvres et secoua la tête.

« Allons, reprit M. Bucket en restant toujours auprès de lui, vous êtes un homme raisonnable ; vous avez des principes ; je ne m’adresse pas à vous comme à un être ordinaire, vous avez servi votre pays et vous savez qu’il faut obéir quand le devoir a parlé ; conséquemment vous ne pensez pas à me faire obstacle ; bien au contraire, vous m’aiderez si je réclame votre assistance ; je le sais et n’en doute pas. Phil Squod, ne vous frottez pas comme ça le long du mur ; je vous connais et je vous prie de ne pas bouger.

— Phil ! dit M. Georges.

— Quoi ! go’ve’neur ?

— Reste tranquille. »

Le petit homme s’arrêta en étouffant un grognement.

«  Ladies et gentleman, poursuivit M. Bucket, vous voudrez bien m’excuser s’il y a quelque chose de désagréable dans cette affaire ; je suis inspecteur de la police, et j’ai ici un devoir à remplir. Georges, je sais où est mon homme ; j’étais la nuit dernière sur le toit, et je l’ai aperçu par le vasistas ; vous étiez auprès de lui, je vous ai vu. Il est là, couché sur un sofa. Il faut que je le voie, pour lui dire de se considérer comme prisonnier ; mais vous me connaissez et vous savez que je n’emploie-