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«  Je serais venu plus tôt, ajoute-t-il, si je n’avais pas eu à traiter diverses matières relativement au procès qui existe entre vous et M. Boythorn.

—Un homme d’un esprit bien indiscipliné, répond sir Dedlock d’un ton sévère ; excessivement dangereux pour la société ; un véritable manant.

— Il est entêté, dit M. Tulkinghorn.

— C’est un défaut naturel à tous les gens de son espèce, réplique sir Leicester, dont la physionomie annonce un extrême entêtement.

— Toute la question est de savoir, poursuit l’avoué, si vous voulez céder quelque chose ?

— Rien du tout, répond sir Leicester ; moi, céder !

— Je n’entends pas dire quelque chose d’important ; je sais que vous ne pourriez y consentir ; je parle de quelque point minime.

— Monsieur Tulkinghorn, répond sir Leicester, il ne saurait y avoir de point minime entre moi et M. Boythorn ; je vais plus loin et j’ajoute que je ne peux pas comprendre comment un de mes droits quelconques pourrait être quelque chose de minime ; et c’est moins par rapport à moi comme individu que je parle ainsi, que relativement à la position de la famille que je suis chargé de maintenir. »

M. Tulkinghorn incline la tête : « J’ai maintenant mes instructions, dit-il, et je m’y conformerai. M. Boythorn nous causera beaucoup d’embarras…

— C’est le propre d’un tel esprit d’être une cause d’embarras ; un égalitaire, un individu de basse extraction, qu’on aurait jugé, il y a cinquante ans, à Old-Bailey, comme coupable de démagogie, et qu’on aurait puni sévèrement, si toutefois, ajoute le baronnet, on ne l’avait pas pendu, roué ou écartelé. »

Sir Leicester paraît décharger sa noble poitrine d’un pesant fardeau en prononçant cette sentence.

«  Mais la nuit approche, dit-il, et milady s’enrhumerait ; ne voulez-vous pas rentrer, chère belle ? »

Arrivée près de la porte, milady adresse pour la première fois la parole à M. Tulkinghorn.

« Vous m’avez fait dire quelque chose relativement à la personne dont l’écriture avait paru attirer mon attention, dit-elle ; cela vous ressemble bien de vous être souvenu de cette circonstance ; moi, je l’avais complétement oubliée ; ce sont vos quelques lignes qui me l’ont rappelée. Je ne peux pas m’imaginer quelle association d’idées a fait naître en moi cette écri-