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La fidèle femme de charge se trouve à l’arrivée de la voiture, et reçoit avec une profonde révérence la poignée de main que lui donne sir Leicester.

«  Comment vous portez-vous, mistress Rouncewell ? je suis fort content de vous voir.

— J’ai l’honneur de vous souhaiter la bienvenue, et j’espère que je vous revois en bonne santé, sir Leicester ?

— En parfaite santé, mistress Rouncewell.

— Milady a une mine charmante et l’air de se porter à merveille, » dit la femme de charge avec une autre révérence.

Milady répond brièvement qu’elle est très-fatiguée.

Rosa se tient à distance derrière mistress Rouncewell ; et milady, qui a conservé la rapidité d’observation qui la caractérise, demande aussitôt :

«  Quelle est cette jeune fille ?

— Une jeune personne que j’ai prise avec moi, milady, et qui s’appelle Rosa. »

Milady fait signe à la jeune fille d’approcher et la regarde avec un intérêt évident.

«  Savez-vous, lui dit-elle, que vous êtes très-jolie, mon enfant ?

— Non, milady, répond Rosa toute confuse et d’autant plus charmante.

— Quel âge avez-vous ?

— Dix-neuf ans et quelques jours.

— Dix-neuf ans… répète milady qui devient pensive. Prenez garde qu’ils ne vous gâtent avec toutes leurs flatteries.

— Oui, milady. »

Milady touche de ses doigts délicats et gantés la joue à fossettes de la jeune fille et se dirige vers l’escalier où l’attend sir Leicester pour lui donner la main. Un vieux Dedlock, aussi grand et aussi stupide que nature, est incrusté dans la boiserie et a l’air de ne savoir à quoi penser ; sans doute pour plus de ressemblance avec l’état qui lui était habituel sous le règne d’Élisabeth.

Une fois rentrée dans la chambre de mistress Rouncewell, Rosa ne tarit pas en éloges sur le compte de milady : « Elle est si affable, si élégante, si belle et si gracieuse ; elle a une voix si douce et un toucher si délicat ! » La femme de charge confirme toutes ces louanges, non sans éprouver un certain orgueil personnel ; toutefois elle fait quelque réserve à propos de l’affabilité sur laquelle insiste Rosa ; elle n’est pas bien sûre que milady soit affable. Dieu la préserve de dire un seul mot défavorable sur