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Le marchand de guenilles tient la chandelle ; Snagsby fait la perquisition ; le jeune médecin est appuyé au coin de la cheminée ; miss Flite, retirée près de la porte, jette un regard effrayé dans la chambre, et l’habile avoué de la vieille école se tient toujours à la même place et dans la même attitude.

Le portemanteau ne contient que quelques vêtements sans valeur ; un paquet de reconnaissances du prêteur sur gages, tristes laisser-passer sur la route de la misère ; un chiffon de papier sentant l’opium, où quelques notes ont été prises : « Tant de grains tel jour ; tel autre, une dose beaucoup plus forte, » et ainsi de suite, mémorandum commencé avec l’intention d’être continué régulièrement, mais bientôt abandonné ; enfin quelques fragments de journaux crasseux, tous relatifs à des suicides. On cherche dans le placard, dans le tiroir de la table ; mais pas la moindre lettre, pas un lambeau de papier. Le jeune médecin regarde dans la poche de l’habit du copiste : un canif et quelques sous, voilà tout ce qu’il y trouve. L’avis du papetier est le seul qu’on ait à suivre : il faut appeler le bedeau ; miss Flite va le chercher, et tout le monde quitte la chambre.

« Emmenez votre chat, dit le jeune médecin à M. Krook ; il ne doit pas rester ici. »

Le marchand de guenilles appelle lady Jane, qui descend furtivement l’escalier en faisant ondoyer sa queue flexible et en se léchant les lèvres.

« Bonsoir, » dit M. Tulkinghorn, qui rentre chez lui pour se livrer à ses méditations.

La nouvelle est déjà répandue dans le quartier ; des groupes se forment pour discuter ce fait étrange. L’avant-garde de l’armée d’observation, composée de gamins, envahit les fenêtres de M. Krook. Un policeman est remonté dans la chambre, puis il est redescendu à la porte de la boutique, où il s’établit, ferme comme une tour, laissant tomber de temps en temps sur les gamins qui environnent sa base, un regard dont l’effet immédiat est de provoquer un mouvement de recul précipité. Mistress Perkins et mistress Piper, qui ne se parlent pas depuis trois semaines, et dont la brouille est venue à la suite d’une bataille entre le jeune Perkins et le jeune Piper, saisissent avec empressement cette occasion favorable de renouer leur ancienne amitié. Le garçon du café du coin, amateur privilégié, qui doit à sa position l’avantage d’avoir souvent affaire à des gens ivres et d’être ainsi versé dans l’art des pratiques policières, échange avec le policeman quelques paroles confidentielles. Les croisées sont ouvertes ; on se parle d’une fenêtre à