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résultat, je resterai dans la position où je me trouve actuellement, et qu’il ne me causera nul préjudice ni dans le présent ni dans l’avenir ; en un mot, qu’il s’agit d’une communication entièrement confidentielle.

— Je ne devine pas du tout ce que vous pouvez avoir à me confier ; mais, croyez-le, monsieur, je serais désolée de vous porter un préjudice quelconque.

— Merci, mademoiselle ; j’en suis intimement convaincu et cela me suffit complétement. »

M. Guppy n’avait pas cessé, pendant toutes ces paroles, de frotter la paume de sa main droite contre celle de sa main gauche, si ce n’est pour se polir le front avec son mouchoir de poche.

«  Si vous voulez me permettre de prendre un autre verre de vin, je crois, mademoiselle, que j’en surmonterai mieux le hoquet qui m’oppresse, et qui serait également désagréable et pour vous et pour moi. »

Il but de nouveau et revint auprès de ma table, derrière laquelle je m’étais retranchée.

«  Vous ne voulez pas que je vous en offre un verre, mademoiselle ? me dit M. Guppy quelque peu restauré par cette nouvelle libation.

— Non, monsieur.

— Pas un demi-verre ? pas même un quart ? … Eh bien ! alors, procédons : Mes appointements s’élèvent aujourd’hui, chez Kenge et Carboy, à deux livres par semaine. Quand j’eus le bonheur de vous voir pour la première fois, miss Summerson, ils n’étaient que d’une livre quinze schellings, chiffre auquel depuis longtemps ils se trouvaient fixés. Ils se sont donc élevés de cinq schellings depuis cette époque, et pareille augmentation m’est garantie dans un an, à dater d’aujourd’hui. Ma mère possède une petite propriété, dont l’usufruit la fait vivre d’une manière indépendante, quoique modeste, dans Old-Street-Road. Elle est éminemment qualifiée pour être une belle-mère accomplie ; ne se mêle jamais de rien, est pour la paix quand même et du caractère le plus facile à vivre ; elle a ses défauts ; qui n’en a pas ? mais je ne l’ai jamais vue manquer aux convenances en présence de personne ; et vous pourrez lui confier en toute sûreté le vin, les liqueurs et la bière. Quant à moi, je loge Penton-Place-Pentonville ; c’est un peu bas, mais aéré, ouvert par derrière et considéré comme l’un des quartiers les plus sains. Miss Summerson, je vous adore ; soyez assez bonne pour prendre acte de ma déclaration et pour me permettre de l’appuyer (si je puis parler ainsi) d’une offre de mariage. »