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« Ils me suivent à l’église, où nous allons tous les jours à six heures et demie du matin, même au plus fort de l’hiver, continua mistress Pardiggle avec volubilité ; ils viennent avec moi dans tous les lieux où m’appellent les devoirs que mes fonctions m’imposent. Je suis dame lectrice, surveillante des écoles, distributrice de secours et dame visitante des ouvriers et des malades. J’appartiens au comité local des layettes, à plusieurs comités généraux, et mes œuvres particulières sont extrêmement nombreuses, plus peut-être que celles de qui que ce soit. Eh bien ! mes enfants ne me quittent jamais, et c’est ainsi qu’ils apprennent à connaître les pauvres, qu’ils acquièrent l’intelligence des affaires de charité, s’exercent à les traiter en général, et prennent le goût de ces occupations qui, plus tard, les rendront utiles à leur prochain et seront pour eux une source de satisfaction. Mes enfants n’ont rien de frivole ; tout l’argent qui leur est alloué pour leurs menus plaisirs est dépensé par eux en souscriptions, que je dirige ; et les réunions publiques auxquelles je les fais assister, les sermons, les oraisons et les discussions qu’ils entendent dépassent en nombre tout ce qu’il est possible d’imaginer. Alfred (cinq ans), dont je vous ai parlé comme s’étant, de son propre mouvement, engagé à n’user jamais de tabac sous aucune forme, est l’un des rares enfants qui, dans cette occasion solennelle, montrèrent qu’ils avaient conscience de ce qu’ils faisaient, après avoir écouté le discours plein de chaleur que le président leur adressa dans cette soirée mémorable, et qui dura deux heures.

« Vous avez pu, miss Summerson, poursuivit mistress Pardiggle, remarquer dans quelques-unes des listes de souscription que possède notre estimable ami M. Jarndyce, après les noms de ma jeune famille, celui de O. A. Pardiggle, F. R. S., souscrivant pour une livre, c’est mon mari ; nous suivons toujours le même ordre ; j’ouvre la marche et dépense mon obole la première ; viennent ensuite mes enfants par rang d’âge et souscrivant d’après leurs faibles ressources ; enfin M. Pardiggle forme l’arrière-garde, heureux d’apporter, sous ma direction, la modeste offrande qu’il peut donner.

« C’est ainsi que la chose est faite, non-seulement pour nous être agréable, mais encore pour servir d’exemple aux autres, et rendre meilleurs ceux qui peuvent en profiter. »

Supposez que M. Pardiggle et M. Jellyby, ayant dîné ensemble, voulussent après boire soulager leur esprit et en vinssent à se confier mutuellement leurs pensées !… J’étais vraiment confuse d’avoir eu cette idée, mais malgré moi elle me trottait dans la tête.