Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son oreiller, et il posa la tête sur le bras du cher ange. Il sommeillait continuellement et n’ouvrait pas les yeux sans demander tout d’abord : « Où est Woodcourt ? où est-il ? »

Vers le soir, j’aperçus, en levant les yeux, mon tuteur qui était debout dans la petite pièce d’entrée. « Qui est-ce, dame Durden ? » me dit Richard. La porte se trouvait derrière lui ; mais il avait deviné à ma figure qu’il y avait là quelqu’un.

Je regardai Allan, pour lui demander conseil. Il inclina la tête, me faisant signe que oui. Je me penchai vers le malade et lui dis qui c’était. Pendant ce temps-là, mon tuteur, qui s’était approché de moi, posa sa main sur celle de Richard. « Oh ! monsieur ! que vous êtes bon, que vous êtes bon ! » dit celui-ci en fondant en larmes.

M. Jarndyce prit ma place, et, conservant toujours la main de Richard dans la sienne :

« Mon cher Rick, dit-il, les nuages se sont dissipés et la lumière s’est faite. Nous avons tous été plus ou moins égarés ; qu’importe, maintenant que nous voyons clair autour de nous ? Comment cela va-t-il, mon pauvre ami ?

— Je suis bien faible, monsieur ; mais j’espère reprendre bientôt mes forces ; j’ai à me créer une carrière.

— Très-bien pensé, dit mon tuteur.

— Et je ne suivrai pas le même chemin qu’autrefois, reprit Richard avec un triste sourire ; la leçon a été rude, monsieur ; mais vous pouvez être sûr que j’en ai profité.

— Très-bien, dit mon tuteur d’une voix encourageante, très-bien, mon enfant, très-bien !

— Je pensais tout à l’heure, continua Richard, que rien ne me ferait plus de plaisir que de voir leur maison,… celle de dame Durden et de Woodcourt. Si je pouvais y aller dès que je vais être un peu mieux, il me semble que je m’y rétablirais bien plus promptement qu’ailleurs.

— C’est précisément ce que nous disions ce matin, répondit mon tuteur ; Esther et moi nous n’avons pas parlé d’autre chose pendant tout le déjeuner. J’imagine que son mari n’y mettra pas obstacle. »

Richard sourit et tendit la main à Allan, qui se trouvait derrière lui.

« Je ne parle pas d’Éva, dit-il, mais je pense à elle, j’y pense toujours. Voyez-la, près de moi, inclinée pour me soutenir, quand elle-même aurait tant besoin de se reposer ; pauvre ange ! pauvre amour ! »

Il la serra dans ses bras au milieu du plus profond silence,