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marche que vous venez de faire ; et s’il a vraiment quelque importance, je veillerai, vous pouvez m’en croire, à ce que M. Smallweed soit convenablement rétribué.

— Non pas selon vos mérites, ajouta M. Bucket en s’adressant à l’avare ; n’ayez pas peur, mon cher ami, mais selon la valeur de ce papier.

— C’est ainsi que je l’entends, répondit M. Jarndyce. Vous remarquerez, monsieur Bucket, poursuivit-il, que je m’abstiens d’examiner moi-même le contenu de cette pièce. J’ai renoncé, depuis bien des années, à m’occuper de ce procès ; et, à vrai dire, tout ce qui s’y rattache me soulève le cœur. Mais nous allons immédiatement, miss Summerson et moi, remettre ce titre entre les mains de mon avoué, qui, aussitôt, en signifiera l’existence à toutes les parties intéressées.

— M. Jarndyce ne peut pas mieux dire, fit observer M. Bucket à M. Smallweed ; et maintenant que vous êtes assuré que les droits de chacun sont garantis, ce qui, je n’en doute pas, est pour vous une satisfaction réelle, nous pouvons vous reporter à votre domicile. »

L’officier de police tira le verrou, fit entrer les porteurs, nous souhaita le bonjour en nous adressant un regard significatif, et partit en nous saluant d’un crochet de son index.

Nous nous dirigeâmes vers Lincoln’s-Inn en toute hâte. M. Kenge était libre, et nous le trouvâmes dans son cabinet poudreux, au milieu de ses piles de papiers et de ses livres monotones. M. Guppy nous avança des siéges ; M. Kenge nous témoigna sa surprise et sa satisfaction de la visite de M. Jarndyce ; il ne manqua pas de tourner, en parlant, ses doubles lunettes entre ses doigts, comme je le lui avais toujours vu faire, et fut plus que jamais Kenge le beau diseur.

« Je suppose, dit-il en s’inclinant devant moi, que c’est la douce influence de miss Summerson qui aura amené M. Jarndyce à oublier un peu de son animosité contre une cause et contre un tribunal suprême qui se placent, j’ose le dire, au premier rang dans la majestueuse perspective des piliers de notre profession.

— Tout me porte à croire, répondit mon tuteur, que miss Summerson connaît trop bien les désastreux effets de la cause et du tribunal dont vous parlez, pour exercer son influence en leur faveur. Néanmoins, c’est à l’occasion de ce procès que je suis venu vous trouver, monsieur Kenge. Mais, avant de vous remettre le papier que je vous apporte pour ne plus avoir à m’en occuper, laissez-moi vous dire comment il est tombé entre mes mains. »