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un certain individu qui lui a ordonné de quitter Londres, et à qui, dans son ignorance, il suppose la faculté d’être partout et de savoir tout ce qui se passe.

— Le nom de cette personne est-il un secret ? demande M. Georges.

— C’en est un pour ce malheureux qui en a peur, mais c’est tout simplement M. Bucket.

— De la police, monsieur ?

— Précisément.

— Je le connais, répond le sergent après avoir jeté en l’air un nuage épais de fumée ; et le pauvre gars est assez près de la vérité en disant que… c’est un drôle de particulier. »

M. Georges reprend sa pipe d’une manière significative, et regarde miss Flite en silence.

« Je voudrais aussi, continue le docteur, faire savoir à miss Summerson et à M. Jarndyce que l’on a retrouvé ce malheureux, afin qu’ils pussent lui parler si toutefois ils le désirent ; et c’est pour cela qu’il faudrait, au moins quant à présent, le placer dans une maison décente ; mais ce pauvre Jo n’a jamais eu, comme vous voyez, beaucoup de rapport avec les honnêtes gens, et c’est là ce qui m’embarrasse ; connaissez-vous quelqu’un, dans le voisinage, qui consentirait à le recevoir ; je payerais d’avance son loyer. »

Tandis qu’il fait cette question au maître d’armes, le docteur remarque un petit homme au visage barbouillé de poudre, qui est venu se placer à côté du sergent ; M. Georges tire plusieurs bouffées de sa pipe en jetant un regard de côté au petit homme qui lui répond par un clignement d’yeux affirmatif.

« Monsieur, dit le maître d’armes, je me ferais volontiers casser la tête si cela pouvait être agréable à miss Summerson ; pour moi, c’est un privilége et un honneur que de lui rendre un service, quelque mince qu’il puisse être, et je m’estime fort heureux de pouvoir vous offrir l’asile que vous cherchez ; nous sommes de vrais bohémiens, Phil et moi ; vous voyez notre demeure ; choisissez la place qui vous conviendra le mieux pour y installer votre protégé ; vous n’aurez rien à payer, du moins pour le logement ; quant aux rations, il nous serait impossible de les fournir ; nos affaires ne sont pas florissantes ; on peut, d’un moment à l’autre, nous exproprier et nous chasser d’ici ; mais, en attendant, monsieur, telle qu’elle est, disposez de cette maison qui est entièrement à votre service ; vous me garantissez, toutefois, en votre qualité de docteur, qu’il n’y a rien de contagieux dans la maladie de ce pauvre garçon. »