Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faisant irruption chez l’ennemi, ne s’attendait pas à celle-là. Aussi demeura-t-il tout interloqué et, pour la seconde fois, faillit avaler sa chique.

Cependant, il n’en fit rien et préféra se livrer à une minute de réflexion. De cette minute de réflexion naquit le syllogisme suivant — lequel nous prouve que la Gaffe avait la logique serrée, quand il le voulait :

— Ou il a laissé l’île, ou il ne l’a pas laissée…

Il, c’était Tamahou.

Satisfait de ces prémisses irréprochables, le brave matelot s’approuva lui-même, en se donnant un coup de poing sur le genou. Puis il continua aussitôt :

— S’il est parti, tant mieux : que le diable l’emporte !…… S’il n’est pas parti, c’est qu’il est resté et que… Ah ! mais, le gueux ! le requin ! le cachalot ! il m’a joué le tour et fusille peut-être, à l’heure qu’il est, mes camarades et mon capitaine…… Vite, courons !

Et la Gaffe, à cette conclusion qu’il venait d’arracher des pattes de son syllogisme, bondit hors des grottes et, prenant par le plus court, arriva comme une bombe auprès des siens.