Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la baie et fit tressauter sur leurs bans sauvages et sauvagesses, qui tous poussèrent d’abord un grand cri, puis, rassurés, se prirent à rire comme des convulsionnaires.

On arriva à bord sans encombre, et le maître-coq du Desperate dut se souvenir longtemps de la bombance qu’il fit faire à ces pauvres « enfants de la nature », jusque-là habitués à ne vivre que de poisson et de viande d’animaux sauvages.

Quand ils retournèrent à leur campement, gorgés de nourriture, imbibés de bon vin et lestés de présents de toutes sortes, les bons Mic-macs se croyaient sur les plaines giboyeuses du Grand-Esprit…

Plus d’un fit le plongeon. Mais aucun accident sérieux n’arriva.

Dès que la petite flottille eut enfin atterri au fond de la baie, le Desperate leva l’ancre. Ses canons tonnèrent une dernière fois, en signe d’adieu, et sa sirène fit retentir les échos d’un long hurlement.

Puis l’hélice battit les flots, et le Desperate quitta la baie de Fortune, que lady Walpole contempla longuement, lui murmurant dans son cœur cet adieu mélancolique que l’on jette aux lieux où l’on a souffert et pleuré.