Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

uns prenant à gauche avec Campagna, les autres tirant à droite, flanqués du beau parleur. Arrivé en face de sa maison, Antoine prit congé de ses deux compagnons et rentra ostensiblement chez lui.

Mais il ressortit bientôt. Seulement, il était méconnaissable. Une barbe postiche encadrait sa figure en lame de couteau ; une paire de lunettes se tenaient à cheval sur son grand nez, et toute sa longue personne se dissimulait sous les plis d’un manteau de couleur sombre.

C’est sous cette défroque et grimé de cette façon que maître Antoine refit à pas de loup le chemin qu’il venait de parcourir. Le diable, son patron, aurait eu certes de la misère à le reconnaître. À plus forte raison, les passants attardés. Mais le hardi coquin ne rencontra personne. D’ailleurs, il faisait noir, et le vent de nord-est poussait devant lui de grandes masses de nuages, qui assombrissaient encore l’atmosphère.

En approchant de la maison de son frère, Antoine vit briller la lumière aux fenêtres de la cuisine. Anna veillait donc encore… Avait-elle bu son bol de gruau ?… C’est ce qu’il était important de constater.