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le sais que trop…… Il est capable de tout pour me noircir à tes yeux…… Mes démarches les plus ordinaires sont pour lui des machinations ténébreuses ; mes paroles, mes regards, mes gestes même, il interprète tout cela à mal… Pourquoi ?… Que lui ai-je fait ? — Rien. Il a un intérêt caché, un intérêt d’une nature que je ne puis te révéler maintenant, à agir de la sorte… Hélas ! chère enfant, tu ne connais guère le monde et les mobiles qui le guident ; ton cœur est encore naïf et pur ; reste dans cette douce ignorance le plus longtemps que tu pourras. Ce n’est pas moi qui t’en ferai sortir, car, quand tu me questionnerais sur ce que je viens de te faire entrevoir, je ne répondrais pas. Tout ce que je puis te dire, c’est ceci : Défie-toi des gens trop zélés et des amis trop officieux !

Et, sur ce vague avertissement, Antoine se retira vers la cuisine.

Au reste, trois ou quatre commères, à bout de patience, montraient leurs câlines chiffonnées dans l’entrebâillement de la porte, et la consigne allait être forcée.

Anna les laissa pérorer à voix basse et s’abîma dans ses réflexions.