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diaboliques, moitié rictus moitié ricanement, que l’on ne voit qu’en rêve, alors que le cauchemar nous couvre d’une sueur froide.

La Démone était à l’Argentenay depuis un temps immémorial. Les plus vieux de la paroisse ne se rappelaient pas l’avoir vue jeune. Elle n’avait ni famille ni parents. On ne connaissait pas son lieu d’origine, ni rien de ce qui avait précédé sa venue dans l’île. Seulement, un beau matin, on l’avait trouvée installée entre les quatre pans d’une masure abandonnée, qu’elle recouvrit à la grosse et où le propriétaire ne chercha pas à la déranger.

Depuis cette époque, elle vivait isolée dans son taudis, inspirant à tout le monde une terreur salutaire qui faisait respecter son repos. Ce n’est pas à elle, bien certainement, que les gamins et les farceurs de l’endroit eussent joué des tours. Sa mauvaise réputation lui rapportait au moins ce profit-là.

Comment vivait-elle, et de quoi vivait-elle ?

Ah ! dame, il ne lui fallait pas grand’chose pour nourrir sa chétive personne, et