Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une personne de sa connaissance qui ne lui attribuât un pouvoir surnaturel et ne lui décernât sans conteste un brevet de sorcellerie. Selon la croyance populaire, elle pouvait à son gré évoquer les mauvais esprits de l’autre monde pour les faire servir à ses desseins, ou les forcer à retirer les maléfices qu’ils avaient jetés sur quelqu’un. Devant sa puissance, les donneurs de sorts n’étaient que des farceurs et les loups-garous, des chiens de mascarades. Il n’y avait pas jusqu’aux esprits forts, jusqu’aux incrédules, sans trop se rendre compte de leur faiblesse et sans s’expliquer leur crainte – à moins qu’elle n’eût pour cause l’horrible physique de la sorcière.

C’était une petite vieille d’âge indéfinissable, mais à coup sûr dépassant quatre-vingts ans. Les affreuses mégères du peintre espagnol Goya et les sorcières de Macbeth n’étaient que de charmantes jeunes filles, comparées à la Démone. Seules, peut-être, les plus abominables d’entre les hideuses mendiantes de la Vieille-Castille pouvaient lutter avec elle de fantastique laideur.

C’était quelque chose de stupéfiant, d’in-