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prendre son parti. Tu t’accoutumeras toi-même à l’idée de voir le bien de ta famille passer en d’autres mains que les tiennes. Il faut faire la charité, après tout !

La digne marraine laissa tomber négligemment, d’un ton doucereux, cette phrase mortelle sur la sourde irritation de son époux, avec la certitude qu’elle produirait de l’effet.

Eulalie ne se trompait pas. Elle connaissait bien son homme.

Celui-ci s’arrêta et donnant un grand coup de poing sur la table :

— Jamais ! s’écria-t-il avec une extrême véhémence, jamais – souviens-toi de ça – je ne consentirai à me laisser dépouiller de ce qui m’appartient en toute justice. Quant à s’arrêter un seul instant à la pensée que le temps amènera du changement dans mes idées, c’est pure folie. Au contraire, plus je deviendrai pauvre, plus je subirai de privations, plus aussi je m’attacherai à cet héritage, qui est notre seule planche de salut, si nous ne voulons pas tendre la main comme des quêteux. Demander l’aumône ?… voir mes enfants quêter ou à la merci du public ?… Misère ! avant que pareille