Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

longue sécheresse ! Fallait-il du soleil après des orages répétés ?… Allons donc ! on en avait pour quinze jours de ce déluge !

Singulier homme ! Il n’était jamais à court quand il lui fallait décourager.

C’est avec des dispositions semblables qu’il prit femme, cinq ans à peu près avant l’époque où commence notre récit.

Nous devons à la vérité de dire que, si cet événement amena du changement chez lui, ce ne fut pas pour le mieux – bien au contraire. C’est en vain que la douce Eulalie chercha à mettre un peu de rose dans le noir de ce caractère : elle y perdit sa logique et ses glapissements ; en vain aussi qu’elle donna à ce père ténébreux un gros garçon et une fille dodue à fendre avec l’ongle : Antoine n’en devint que plus lugubre.

Disons ici, à la louange de cette femme estimable, qu’elle ne pouvait rien pour amener la guérison morale de son mari : car l’envie ne se guérit pas, – et Antoine Bouet était mordu au cœur par ce terrible serpent.

La prospérité de son frère – tandis que lui-même marchait vers la ruine – l’exaspérait. Il ne lui pardonnait pas d’être labo-