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faire les moulanges ; mais, la nuit, il couchait tout fin seul au second étage.

C’est qu’il n’était pas peureux, Jean, et qu’on aurait bien couru toute l’île avant de trouver son pareil !

Il était, en outre de ça, pas mal ivrogne, et colère en diable quand il se trouvait chaud, — ce qui lui arrivait sept jours sur huit. Dans cet état, je vous assure qu’il ne faisait pas bon le regarder de travers ou lui dire un mot plus haut que l’autre ; le méchant homme était capable de vous flanquer un coup de la grande faux que l’on voyait toujours accrochée près de son lit.

Or, il arriva qu’une après-midi où Jean Plante avait levé le coude un nombre incalculable de fois, un quêteux se présenta au moulin et lui demanda la charité pour l’amour du bon Dieu.

« — La charité, fainéant ?… Attends un peu, je te vas la faire, la charité !… » cria Jean Plante, qui courut sur le pauvre homme et lui donna un grand coup de pied dans le derrière.

Le quêteux ne dit pas mot ; mais il braqua sur le meunier une paire de z’yeux qui aurait dû le faire réfléchir. Puis il descendit tranquillement l’escalier et s’en alla.