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le grain ! murmura-t-il… Ah ! mais que fait donc celui-là ?

Celui-là, c’était un grand navire noir qui, loffant tout à coup à peu de distance de la bouée de l’île Madame, venait de serrer toutes ses voiles et de jeter l’ancre.

— Un accident ! s’écria Pierre Bouet avec une singulière émotion ; oui, c’est un accident, bien sûr, car on ne mouille pas avec un bon vent en poupe, sans une raison majeure.

Il regarda encore quelque temps, mais la lune se cachant de nouveau ne lui permit plus de voir que les feux de position du navire immobile.

— Ah ! bah ! se dit Bouet, c’est quelque pauvre matelot qui sera tombé par-dessus bord. Que Dieu ait son âme.

Et il se remit en marche.

La mer était alors tout à fait basse, laissant à découvert cinq ou six arpents de galets raboteux, enduits d’une vase gluante et coupés ci et là de grandes zones de sable, où gisaient les lignes de Pierre Bouet.

C’est donc sur cette interminable batture que ce dernier s’engagea, décrivant des zigzags pour jeter en passant un coup d’œil