Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au dehors tout est silence, et le village semblerait endormi si, de temps à autre, une voix d’enfant ne réveillait les échos du soir et si, de loin en loin, on ne voyait une femme, armée de chaudières, enjamber prestement la clôture du chemin et gagner les clos pour traire ses vaches.

Assis à côté l’un de l’autre, les époux Bouet sont donc engagés dans une conversation à voix basse.

— Vois-tu, bonne femme, dit le mari, je ne serai tranquille qu’après avoir terminé ces arrangements.

— On dirait, à t’entendre, que tu sens ta mort ! répond en souriant Marianne.

— Si l’on peut dire ! Je n’ignore pas que je ne suis plus à l’âge de quinze ans… Mais le coffre est encore solide, ratatinette ! et le bon Dieu, qui m’a fait vivre près de trois-quarts de siècle, m’accordera bien un robinet d’une couple d’années pour voir ma fille mariée à celui qu’elle aime et faire sauter sur mes genoux un de ses enfants.

— Où est-il à présent ?

— Le Charles à Anna ?

— Oui, son prétendu.

— Sur la grande mer, parbleur !… c’est-