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Nul moyen d’attendrir le meurtrier ! Et, avec cela, seulement trois minutes pour réfléchir !

Il y avait de quoi devenir fou.

Mais il arrive souvent, dans ces crises suprêmes, où quelques secondes balancent la vie d’un homme, que les facultés se concentrent brusquement et font jaillir de leur choc désespéré l’étincelle qui sauve, en éclairant.

C’est ce qui eut lieu pour Antoine.

Au moment où les trois minutes étant écoulées, le Sauvage penchait la joue sur la crosse de son fusil, allongeait l’index vers la détente et allait tirer, l’huissier s’écria tout d’une haleine :

— Arrêtez ! et je vous donne assez d’argent pour vous acheter de l’eau-de-feu, de la poudre et du plomb, tant que vous en voudrez !

Une vague réminiscence lui était venue tout à coup que les Sauvages aiment passionnément les boissons spiritueuses, qu’ils nomment eau-de-feu, et il recourait à ce moyen in extremis de persuasion.

Il n’avait pas tort.

Tamahou laissa vivement retomber son