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pêcheur en quête de poisson, pourquoi courais-tu ici, comme un fou, vers ma cabane ?

— Je voulais… je prenais de l’exercice… C’est qu’il ne fait pas chaud, savez-vous, avant soleil levé !… Brrrrou !

Et le beau parleur, sans s’en apercevoir, épongea son front couvert de sueur.

— Tu vois bien que tu mens ! répliqua l’autre, d’une voix sardonique. D’ailleurs, la langue des blancs ne sait pas faire autre chose ; elle est fourchue comme celle du serpent. Mais on n’en impose pas à Tamahou. Tu venais pour surprendre ma retraite et me livrer aux hommes noirs de la reine.

— Pourquoi faire, mon Dieu ?

— Pour qu’ils me pendent ou me fassent mourir lentement dans leurs grandes bâtisses de pierre… Aoh ! mais c’est qu’ils ne me tiennent pas encore et que j’en refroidirai plus d’un avant d’avoir la corde au cou. Que les manitous détournent de moi leurs faces, si je ne dis pas vrai !

— Mais mon cher ami… insinua Antoine.

— Quant à toi, poursuivit violemment le Sauvage, je vais t’apprendre à t’occuper de mes affaires. Adresse ta prière au Grand-Esprit, et dépêche-toi, car je ne t’accorde que cinq minutes de vie.